Le VGV ? Mieux que le taxi, que l’on paie souvent en dollars américains, et qui n’est pas forcément sympathique. Un truc d’Américain, ou de Dubaïote. Et moins cher encore que le « service », ou taxi collectif, à 2 000 livres libanaises le trajet.
Le trajet, c’est bien imprécis, tout ça. Le trajet, c’est l’équivalent d’un petit bout de marche. Un peu plus que le saut de puce, mais quand même moins qu’une enjambée de Gargantua (« anatropisme » facile : évidemment qu’il n’est pas passé pisser par là, le géant). Le service, ça peut être deux services, si vous poussez un peu plus loin. Vous voyagez en service, mais vous payez deux services. De chez nous à la radio, par exemple. Badaro – Hamra.
« Service-heyne », réclame alors le chauffeur du taxi, au travers de la fenêtre passager pleine de cette poussière épaisse et jaunâtre. Généralement, son tacot Mercedes est posté en double file, légèrement de travers pour éviter de laisser passer les autres, sur le boulevard qui part du grand rond-point de Tayouneh (véritable défouloir pour klaxons).
Alors le VGV, dans cette forêt de propositions plus ou mois négociables, c’est le nec plus ultra du transport en commun. « Van à grande vitesse », selon une expression locale. A 1 000 livres libanaises, vous avez là une course imbattable. Le VGV roule sur les grands axes, et vous pouvez retrouver (plus ou moins) des lignes régulières. La nôtre, la 4 (c’est écrit en scotch rouge sur le pare-brise), est merveilleuse. Direction Hamra, en passant par Sodeco, à la frange de « Downtown » (avec une jolie vue sur l’église Saint-Georges et la mosquée El-Amine), ce centre-ville reconstruit pour dissuader la population beyrouthine de s’y installer (sauf sacs Vuitton bourrés de millions dans le coffre du pick-up).
Le VGV, c’est rencontre assurée avec Beyrouth. Le chauffeur est souriant, et on vous trouve toujours une place. S’il vous voit sur le bord de la route, il pile, et traverse la chaussée en faisant crisser son peu de pneu. N’est-ce pas formidable ? Le VGV, c’est aussi une leçon de pilotage automobile au quotidien. Prenez un monospace japonais ou coréen de la fin des années 1990. Collez un sigle Mercedes par-dessus la marque infâmante la plus banale qui soit. Et roulez à fond les manettes jusqu’à ce que le moteur hurle comme une formule 1. Vous y êtes. Et en plus, il tire la bourre avec les autres minibus de la ligne 4.
Les voyageurs sont toujours généreux. Ils vous aident quand ils peuvent. Un soir, paumé parce que le trajet de la ligne 4 s’était grandement modifié sans prévenir, ils ne m’ont pas laissé descendre tant que je n’étais pas à proximité de la maison. Ce n’est pas tout. Entre deux confidences (« Franséwé ? - Hé ! [Qui veut dire « oui, ndlr] – Ahhhh… La Frrrance, Charles de Gaulle… Jacques Chirac… ») et quelque révélation (« You’re a singer ?, me glissa un jeune homme, au petit matin, alors que je regardais hébété les déboires des automobiles – Euh…, répondis-je. - Yes, I’ve seen you on a TV program, reprit-il, fier, et magnifique. – Ohhhh… OK ! I play the rock n’roll » ! ), vous pouvez toujours vous exercer à l’arabe. « Shoukran, le VGV ! » [« Merci »].
Etrange, je ne vois pas à quelle rock star tu pourrais ressembler...
RépondreSupprimerTu ne ressembles pourtant pas à Jhonny !
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