dimanche 28 février 2010

Un avant-goût de printemps flâne sur les trottoirs

Par Elodie

En descendant la rue Monnot cette semaine, je n’ai pu m’empêcher de lever le nez… Pour une fois, ce n’était pas pour regarder les nouveaux immeubles qui poussent partout, mais pour humer l’air. Oui, ça peut arriver à Beyrouth de sentir autre chose que l’odeur poisseuse (pégueuse, dirait-on chez moi) du carbone qui s’accroche solidement sur la ville. Et ces moments-là sont précieux.

Le nez en l’air, je me concentrais donc sur le parfum subtil des fleurs d’oranger à peine écloses, ces arbres ponctuant les trottoirs beyrouthins comme les platanes par chez nous. C’est doux, sucré, presque romantique… Pas étonnant qu’elles aient été utilisées dans l’Antiquité pour orner la tête des jeunes mariés. Bref, en en un quart de seconde les papilles s’emballent et imaginent le bonheur enfantin d’une navette parfumée à l’eau de fleur d’oranger, ou d'un haytaliyé, sorte de version orientale de la pana cotta, à l'eau de fleur d'oranger.


Mais ne vous y trompez point, le précieux liquide n’est pas obtenu à partir des fleurs de l’oranger classique (Citrus sinensis). Pas la peine d’entreprendre une expédition de cueillette sauvage nocturne sur les trottoirs pour les faire bouillir vainement dans une casserole…

C’est avec les fleurs de l’oranger amer, Citrus aurantium L. pour les intimes, que l’on produit le mazahr (eau de fleurs d’oranger en arabe libanais). Cueillies au printemps entre les épines, les fleurs du bigaradier, appelées bousfeir par les Libanais, sont distillées à l’alambic pour fournir l’eau de fleurs d’oranger et le néroli, huile essentielle de couleur jaune. C’est d’ailleurs celle-ci qui indique par sa présence à la surface une eau de fleur d’oranger de qualité.

Ingrédient de base de la cuisine libanais, le mazarh est utilisé dans de nombreux desserts, sans oublier le fameux café blanc qui n’a de café que le nom. Ici, l’eau est mise à toutes les sauces. Et il ne faut pas s’étonner d’entendre une grand-mère conseiller une infusion pour calmer les enfants ou soulager les maux de ventre. Le biberon à l’eau de fleur d’oranger… Serait-ce donc une explication à la gourmandise des Libanais ? A moins que ce ne soit pour leur porter chance (zhar en arabe).

Café blanc pour 6 personnes

Verser 7 tasses à café d'eau dans la cafetière, porter à ébullition. Retirer du feu et ajouter une tasse à café d’eau de fleur d’oranger, soit une cuillère à soupe par tasse. Servir.
Le café blanc se boit généralement sans sucre, mais il peut être légèrement sucré pour ceux qui préfèrent.

jeudi 25 février 2010

Le Liban tel que vous ne l'avez jamais vu

Par Julien

Beyrouth pour commencer. Beyrouth comme vous ne l'avez jamais vue. Beyrouth glamour, phare de la riviera sépia, inoffensive et dorée, la croisière s'amuse. Les affaires sont les affaires, pour la perle du Levant, mais rien n'exclut le bikini zébré. Tout y est, au-dessous, même la neige sur le toit. C'est comme le Paradis, un caprice d'enfant gâté. Un fruit défendu.

Qu'est-ce qui a bien pu pousser le site Internet du quotidien L'Orient-Le Jour à indexer cette vidéo anachronique échouée sur YouTube ? Mirage ? Souvenir ? Prophétie ? Désir de vivre ? De persévérer ?

Document formidable et qui, si l'on regarde bien, soulève le coeur. On imagine très bien ce pays vert par-delà les clichés. Le Liban, point d'entrée vers le désert, vers un Orient fantasmé, et vers la route, bien réelle celle-là, de la Soie.

Agrumes ensoleillées, sable blanc et vagues bleues, végétation luxuriante, pierres épaisses pour terrasses majestueuses, toits en tuiles, oliviers argentés, silence des plaines suspendues, amorce intranquille des steppes... C'est étrange : à force de vivre ici, on sent encore ce poumon possible, illusoire sans doute, à l'heure où le béton, la pollution, et les errements de l'histoire ont tout piétiné. Cette vie insouciante, sur les rivages du monde méditerranéen, est-elle encore bien là ? Elle subsiste, entre les lignes, en dépit d'un présent flou, d'une précarité de la paix. Cette beauté indolente est toujours là. Calypso navigue encore dans le coin. Quelque part.

mardi 23 février 2010

Pâte magique (suite)

Par Elodie

Suite à des réclamations, voici une recette de pâte à manouché pour les adeptes qui ne pourraient pas s’en procurer de la toute faite en bas de chez eux. Maintenant, plus d’excuse, à vos robots ou à vos petites mains pour les plus courageux. Et j’attends avec impatience les résultats de vos propres expériences… Manouché, prends garde à toi !

Pour 6 manouchés :
400 g de farine
1 cuillère à soupe d’huile d’olive
1 sachet de levure de boulanger
½ cuillère à café de sel
1 cuillère à café de sucre

Délayer la levure dans 15cl d’eau tiède. Mettre la farine, l’huile d’olive, le sucre, le sel et le mélange d’eau et de levure dans un robot. Faire tourner à faible vitesse pendant environ 15 minutes. La pâte doit se détacher des parois, sinon ajouter une cuillère à soupe de farine.
Enlever la pâte du robot, la saupoudrer d’un peu de farine pour éviter qu’elle ne colle aux mains, la poser sur un plan de travail et la diviser en 6 parts égales. Les couvrir et les laisser gonfler pendant au moins 30 min.

On peut ensuite faire des manouchés traditionnels au zaatar en étalant sur la pâte un mélange d’huile d’olive, de thym et de graines de sésame, ou du fromage, ou de la viande, etc.

jeudi 18 février 2010

Pizzouché


Par Elodie

N’en déplaise aux pizzaiolos traditionnels et aux critiques culinaires, la meilleure pizza pourrait bien se faire avec autre chose qu’une pâte à pizza. Je poursuis depuis quelques semaines mes expérimentations avec la pâte à manouché et il faut bien avouer que la « pizzouché » fait pour l’instant la course en tête à ce petit jeu.

Pour une belle pizza :
- Une ration de pâte à manouché (demander pour 1000 LL à l’échoppe la plus proche de chez vous)
- De la sauce tomate (dans l’idéal, vous la faites vous-même si vous avez le temps et des tomates goûteuse sous la main)
- Un oignon
- Du lard
- Des champignons
- Du fromage (Kaval, Amour (oh, oui, toujours !), mozzarella, chèvre, bleu... selon vos préférences)
- Des olives noires

Laisser la pâte à manouché reposer un peu puis étalez-la le plus finement possible.
Couper l’oignon finement et le faire revenir dans un filet d’huile d’olive, ajouter les champignons et le lard, puis le coulis de tomates.
Précuire très légèrement la pâte pendant ce temps-là.
Etalez ce mélange en couche fine sur la pâte juste saisie, et couvrez de fromage à votre convenance (j’avoue, j’exagère peut-être un peu parfois… Chacun son vice !)
Ajoutez les olives noires et enfournez à four bien chaud.
Avec mon four à gaz, un peu asthmatique c’est vrai, je compte 20 à 30 minutes. Pour ma part, je n’ai pas encore eu la chance d’essayer au furn traditionnel, mais ça se mange quand même. D’ailleurs, désolée : yen a plus !

mercredi 17 février 2010

Promenade beyrouthine

Par Elodie

Aujourd'hui, ce sont quelques photos récoltées ça et là lors de mes récentes promenades qui vont remplacer mes bavardages. Comment mieux décrire un ciel d'orage libanais, l'envie de rire devant un lampadaire allumé en pleine journée dans un pays où les coupures d'électricité sont quotidiennes, ou la sensation d'étrangeté face à une façade traditionnelle orpheline, seule laissée debout en attendant la construction d'un nouvel immeuble de luxe ?










vendredi 12 février 2010

Bakbakbak


Par Elodie

Avez-vous déjà entendu au beau milieu d’une capitale, le coq de l’immeuble voisin chanter depuis le balcon du dernier étage ? Voilà un an que cela me fait rire et que je rêve de découvrir ce fameux voisin farfelu. Car je dois bien l’avouer, cela me semblait tellement insolite que je prenais cela pour une excentricité de notre quartier. Après tout, nous entendons déjà régulièrement les chevaux de l’hippodrome voisin sous nos fenêtres au lever du jour, les hordes de chats déchaînés qui imitent à merveille une bagarre d’enfants terribles, ou encore les grenouilles au parc de l’autre côté de la rue.

Ma dernière promenade beyrouthine, appareil photo en main, m’a pourtant permis de réaliser que cela n’était pas si singulier. Après tout, on peut être au cœur de la ville, à quelques centaines de mètres du centre commercial adulé des fashionistas BCBG d’Achrafieh et entendre le chant du coq. C’est peut-être tout le charme de cette ville d’ailleurs.

Mais au fait, savez-vous comment on imite le chant du coq en arabe ?
Moins connoté que notre cocorico, moins connu que le cok-a-doodle-doo anglais, moins exotique que le kokiyo koko coréen, l’arabe dit simplement kookookoo-koo.
Heureusement que les poules sont là, elles sont beaucoup plus drôles avec leur bakbakbakbakbakbakik !