Par Elodie
Vous cherchez un appartement… Premier réflexe ? Les annonces. En bon Français, on se dit que les gens qui veulent louer un appartement passent forcément une annonce.
Lundi matin, balade à la librairie du coin pour attraper l’hebdo d’annonces gratuit que tout le monde s’arrache. Evidemment, tout est écrit en arabe. Vous rentrez donc tout penaud, à la recherche d’un collègue charitable qui les lirait pour vous. Sur 46 pages d’annonces, la pêche est pourtant maigre : tout est trop cher. « Comment je fais alors ? – Ben, c’est pas compliqué, tu marches et quand tu vois un coin qui te plaît tu demandes. - Ha, bon ? – Hé, c’est comme ça que ça marche ici. »
Histoire de ne pas passer pour une nouille occidentale, on ravale ses questions et on fait style « bien sûr, j’ai compris. Pas de problème… » On ramasse son sac, et c’est parti. On marche, on regarde des fois qu’il y ait des panneaux « A louer ». Faut pas rêver : rien. 1h plus tard, encore rien. 3h plus tard, toujours rien ! Après 3 heures de marche au soleil, à scruter les immeubles qui sont de toute façon tous aussi moches les uns que les autres, on ravale ses scrupules et sa timidité. Je dois demander ? OK. A qui ? J’en sais rien. Tiens, l’épicier là, il a l’air sympa et puis il doit connaître tout le quartier.
« Bonjour Monsieur, vous savez où je pourrais blablabla blabla… - Chou ? – Non, je ne veux pas un chou fleur… et puis je comprends pas l'arabe. » Pris de désespoir, on se sert de ses mains pour faire des signes, des dessins, montrer des immeubles... « Ha, al beit al ajar [une maison à louer ] ? – Hé ! » Le bonheur d’avoir réussi à se faire comprendre est pourtant vite écrasé par un froncement de sourcils. Pour éviter de prendre la peine de dire non, les hommes ici froncent les sourcils. Si l’interlocuteur ne comprend pas, il l’agrémente d’un petit claquement de langue.
Et l’appartement, me direz-vous ? Des centaines de mouvements de sourcils et quelques kilomètres plus tard, on tombe sur un épicier sympa qui va chercher quelqu’un qui parle français, qui connaît quelqu’un qui vous emmène voir sa sœur dont le cousin… loue un appartement.
Maintenant, vous avez compris comment ça marche (ou plutôt ne marche pas) ?
Quand je pense à la description de Julien, évoquant les sourcils d'un défunt VIP libanais : "il avait les plus gros sourcils du monde entier - comme deux sparadraps noirs et poilus au-dessus des yeux", je me dis que celui-là, quand il disait non, cela devait être vraiment impressionnant ! "Ma doue beniget !" aurait dit la grand-mère Le Bot!
RépondreSupprimer