Par Elodie
Depuis quelques semaines, on peut voir le long des routes libanaises des affiches qui ne montrent pas une sirène en maillot de bain, mais deux femmes ne faisant qu’une. Il s’agit de la deuxième campagne de sensibilisation aux droits des travailleuses immigrées, en clair des bonnes, lancée par Caritas Liban.
L’affiche et le spot télévisé, qui se veulent choquants, détaillent les conditions de travail de ces employées de maison (« elle travaille 16 heures par jour, n’est pas payée toutes les fins de mois, travaille 7 jours sur 7, est parfois battue et travaille même lorsqu’elle est souffrante »), face à celles de femmes libanaises. La comparaison aboutissant à une question : «Accepteriez-vous ces conditions pour une travailleuse libanaise?»
La campagne est osée car le sujet est quasiment inabordable, même avec des amis proches ou des voisins libanais, à moins d'avoir envie de faire tourner une soirée au pugilat verbal. En témoignent les groupes créés sur Facebook sur cette question.
Originaires d’Asie (Philippines, Sri Lanka, etc.) ou d’Afrique (Ethiopie notamment), ces employées de maison seraient au nombre de 200 000 au Liban, selon Human Rights Watch qui dénonce régulièrement leurs conditions de travail. Le débat – cette question est très sensible ici - a été soulevé de longue date, en particulier par un documentaire réalisé par Dominique Torrès et diffusé sur France 2 en 2007, qui avait généré une véritable polémique.
La situation serait-elle en train de bouger, au moins un tout petit peu ? Le ministre du Travail libanais a annoncé hier la création d'un bureau de plaintes (avec un numéro vert et des formulaires qui une fois remplis devront être renvoyés par la poste) et la publication d'un guide d'orientation, traduit en 14 langues, destiné aux employés de maison étrangers.
En attendant, on continue à voir les bonnes briquer tous les matins (à l'heure du petit déjeuner, vers 7h) les rambardes des balcons des immeubles voisins. Du reste de leur vie quotidienne, nous ne saurons rien. Si ce n'est ce que montrent les plans des appartements de luxe où l’emplacement des chambres de bonnes est presque toujours similaire : quelques mètres carrés, souvent sans fenêtre, entre la cuisine et la buanderie.
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