Par Elodie
Un bâtiment décrépi coincé entre une autoroute et une voie rapide, dont les étages supérieurs sont abandonnés. Est-ce bien là que le quidam libanais doit se rendre pour obtenir des explications sur les taxes et éventuellement les régler ?
Vu les centimètres de poussière accumulés dans l’escalier où la trace de mes pas découvre un lino beigasse caché sous la crasse, si c’est bien là il n’y a pas grand monde qui est au courant. A moins qu’ils ne prennent l’ascenseur pour se rendre au premier étage. C’est vrai, j’oubliais cette possibilité.
Au bout d’un couloir, enfin, un bureau avec trois paires d’yeux qui nous observent négligemment derrière leur comptoir avant de replonger le nez dans leurs occupations respectives. La dame du comptoir le plus proche, vers lequel nous nous avançons, s’est retournée vers la fenêtre. Elle croque dans sa pomme en regardant les voitures qui roulent furieusement quelques mètres plus bas. Hum, la pomme au carbone, c’est délicieux ! C’est vrai, milieu de matinée c’est l’heure du manouché, mais notre dame a visiblement opté pour l’option light.
Nous attendons, avec le sourire histoire de ne pas la froisser. Les deux autres discutent. Une autre personne arrive dans le bureau et interpelle la mangeuse de pomme en arabe. Cric, croc, crac. Une fois le trognon rouzigué, elle s’installe à son ordinateur qui semble sortir tout droit de Star Trek (les fantasmes futuristes des années 60 ont bien mal vieilli), consulte un fichier, imprime une feuille (cela prend déjà une bonne dizaine de minutes vu la rapidité de la machine). Notre homme sort une liasse de billets et part avec son papier. Quelques minutes plus tard, on s’intéresse enfin à notre cas. Elle plonge sur sa calculette, qui fait au moins la taille d’un grand cahier, et tente de nous expliquer.
Finalement, nous passons dans un autre bureau où quatre personnes sont installées. Dans un coin, trône un ordinateur spécifique, relié à une imprimante. Notre interlocuteur (au demeurant, plutôt sympathique) attend que son collègue le libère pour rechercher des informations. Il nous donne une autre version du calcul et nous invite à revenir plus tard. Vous êtes sûr ? Oui, oui, pas de problème. Dans deux semaines, ou peut-être dans un mois, on verra. Hum, évidemment pas de papiers pour s’en assurer, de toute façon l’imprimante agonisante semble trop fatiguée pour sortir quoi que ce soit. Cette administration est résolument fort bien équipée et efficace.
Quand je pense qu’il y a des hurluberlus qui voudraient que tout ça fonctionne en ligne, avec des vrais ordinateurs, un réseau qui marche, etc. Mais même dans Star Trek, ils l’avaient pas imaginé ça !
En attendant, la gouvernance électronique est loin d’être une réalité très développée au Liban et cela ne semble pas en passe de s’arranger. D’après un récent rapport de l’ONU, sur la question, le pays a même régressé de plus de 9% en un an.
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ça ressemble à s'y méprendre à la baladiyé de beyrouth, ça...
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