Par Julien
Le soleil, ces jours-ci, donne l'impression que la verdure éclate naturellement, que les fruits naissent et grossissent sans effort, que la terre elle-même, qui tire son essence d'un pigment rouge et brûlant, forme un tapis permanent, invincible, dont la vitalité ne connaît pas de limites. Comme si cette dernière n'avait pas de mémoire, au Liban. Comme si les balafres infligées par l'hyper-urbanisation, par toutes formes de pollutions et d'atteintes bétonnées n'avaient qu'un effet de surface.
On imagine très bien les visions des voyageurs du XIXe siècle : Beyrouth, sur sa langue de terre fendant la Méditerranée, adossée aux montagnes couronnées de blanc, comme c'est le cas, encore, cet hiver. Le vert partout, flambant entre les allées des maisons ottomanes, les avenues fraîchement aménagées, les artères liant les collines historiques. Achrafieh la fière, un peu en retrait, ou Hamra, l'éperon cosmopolite, piquant du nez dans les rochers.
La mémoire, pourtant, est partout. Et difficile à dire. Ce n'est pas étonnant, dans un pays si proche de tout, puisqu'il est au confluent de mondes divers et de routes fréquentées depuis longtemps : l'Europe, le monde arabe, ou la route de la soie. Ce n'est pas facile de parler, en outre, quand l'histoire remonte aussi près de soi. Quand le présent est incertain. Les lendemains indiscernables.
Il n'y a qu'à voir l'histoire du film de Simon el-Habre, "The one man village", sorti récensement sur les écrans au Liban, dont 5 minutes ont été censurées par la Sûreté générale. Il est des choses et des faits dont on ne parle pas. Pas encore. Voici la bande-annonce :
Et voici l'extrait coupé par les censeurs. Le morceau maudit. Il est intéressant de savoir que cet extrait a été aussitôt mis en ligne pour contourner la censure puisqu'elle n'a pas prise sur Internet.
Je vous laisse apprécier le degré de susceptibilité sous-jacent. La censure exerce son travail dans la mesure où elle répond à un objectif précis, fixé par la loi : ne heurter la sensibilité de personne ni d'aucune communauté.
Le poète Abbas Beydoun m'a toujours impressionné. Physiquement, il incarne un type radicalement tellurique. Mais un gourmand tranquille. Un lecteur passionné, en somme, capable de fulminer pour une phrase, puis de méditer des heures durant. Il ne cache pas ce qui le gêne le plus, dans tout ça, et qu'il appelle la "culture de censure". Pour devancer des pages coupées ou des séquences ôtées, on contourne, on tergiverse, on hésite, puis finalement, on ne parle plus. On ne nomme plus. On éloigne. On conjure. On oublie. Au bout du compte, l'Autre n'existe plus. On se met à ne parler que du même, et tout devient répétition. Eternelle reproduction du même. On ne connaît plus que soi, en reste entre soi, on ne voyage plus. On reste là, on piétine. On ne fabrique plus d'histoire : l'altérité est rejetée, suspecte, impensable. Finalement, on n'avance à rien.
La société civile, balbutiante au Liban, commence à se mobiliser sur ces questions. Des propositions d'amendements se préparent. Le Liban est un pays à l'histoire magnifique, douloureuse. L'avenir de la région est dans le dialogue. Dans la libre parole. L'invention, qui est le moteur de la vie. Dans une lettre envoyée à sa chère Louise Colet le 15 juillet 1853, Flaubert écrivait la chose suivante : "La vie ! La vie ! Bander, tout est là ! C'est pour cela que j'aime tant le lyrisme !" Ne rien lâcher : tenir, insoumis, son envie de raconter. Et partager.
dimanche 31 janvier 2010
jeudi 28 janvier 2010
La pâte magique
Par Elodie
Il m’aura fallu près d’un an pour découvrir la pâte magique, source nouvelle d’expérimentations culinaires joyeuses. J’avoue, l’idée m’a été soufflée par des voisines généreuses et inventives. Et quelle idée ! Pour une poignée de livres libanaises, à la petite échoppe qui prépare les manouchés (ou manaïche) du goûter de la matinée, on vous sert un sac de pâte toute fraîche et toute prête.
Et ça t’avance à quoi vu que tu n’as ni la technique (le goût de ceux qu’on achète dans la rue est inimitable !), ni le four à pain pour faire cuire tes manouchés juste à point pour avoir une pâte fine et croustillante ? A faire justement des tas d’autres choses, à commencer par du pain. Presque comme du vrai ! Ou des pizzas, ou des feuilletés au fromage, ou aux épinards, ou… Ne nous emballons point (je le fais assez dans ma cuisine transformée en champ de bataille tous les week-ends !), commençons donc par les basiques : ceux qui nous manquent le plus.
Pour faire deux à trois « baguettes » maison aux olives, il faut : un sac de pâte à manouché (demander pour 1000 LL, ça suffit), un demi-verre de lait, un demi-verre d’huile d’olive, un œuf, des olives noires concassées, de l’origan (généreusement) et du sel (attention aux étourdies, comme moi, sans ça c’est extrêmement décevant).
Tout jeter dans un robot (on peut y arriver avec un mixeur plongeur, mais il faut beaucoup de patience et on risque toujours un drame électroménager), et attendre que la texture soit homogène. La pâte doit être molle, mais pas coller aux doigts. Ajouter si besoin un peu de farine jusqu’à obtenir la bonne consistance (pas trop, sinon la proportion de levure finira par être insuffisante). Laisser reposer une heure. Puis, faire chauffer votre four, et préparer pendant ce temps vos baguettes. Les plaisantins peuvent s’amuser : qui fera la plus belle patte d’oiseau ou d’hippopotame ?
Enfourner à four bien chaud, mais pas au grill (pour les fours à gaz, n'allumer le feu du dessus qu'en fin de cuisson), et surveiller la cuisson. En une vingtaine de minutes, votre « pain » devrait être cuit. S’il est réussi, il aura disparu (avalé gloutonnement avec du labné ou du fromage) en quelques minutes. Alors dépêchez-vous : profitez-en tant que c’est chaud.
Il m’aura fallu près d’un an pour découvrir la pâte magique, source nouvelle d’expérimentations culinaires joyeuses. J’avoue, l’idée m’a été soufflée par des voisines généreuses et inventives. Et quelle idée ! Pour une poignée de livres libanaises, à la petite échoppe qui prépare les manouchés (ou manaïche) du goûter de la matinée, on vous sert un sac de pâte toute fraîche et toute prête.
Et ça t’avance à quoi vu que tu n’as ni la technique (le goût de ceux qu’on achète dans la rue est inimitable !), ni le four à pain pour faire cuire tes manouchés juste à point pour avoir une pâte fine et croustillante ? A faire justement des tas d’autres choses, à commencer par du pain. Presque comme du vrai ! Ou des pizzas, ou des feuilletés au fromage, ou aux épinards, ou… Ne nous emballons point (je le fais assez dans ma cuisine transformée en champ de bataille tous les week-ends !), commençons donc par les basiques : ceux qui nous manquent le plus.
Pour faire deux à trois « baguettes » maison aux olives, il faut : un sac de pâte à manouché (demander pour 1000 LL, ça suffit), un demi-verre de lait, un demi-verre d’huile d’olive, un œuf, des olives noires concassées, de l’origan (généreusement) et du sel (attention aux étourdies, comme moi, sans ça c’est extrêmement décevant).
Tout jeter dans un robot (on peut y arriver avec un mixeur plongeur, mais il faut beaucoup de patience et on risque toujours un drame électroménager), et attendre que la texture soit homogène. La pâte doit être molle, mais pas coller aux doigts. Ajouter si besoin un peu de farine jusqu’à obtenir la bonne consistance (pas trop, sinon la proportion de levure finira par être insuffisante). Laisser reposer une heure. Puis, faire chauffer votre four, et préparer pendant ce temps vos baguettes. Les plaisantins peuvent s’amuser : qui fera la plus belle patte d’oiseau ou d’hippopotame ?
Enfourner à four bien chaud, mais pas au grill (pour les fours à gaz, n'allumer le feu du dessus qu'en fin de cuisson), et surveiller la cuisson. En une vingtaine de minutes, votre « pain » devrait être cuit. S’il est réussi, il aura disparu (avalé gloutonnement avec du labné ou du fromage) en quelques minutes. Alors dépêchez-vous : profitez-en tant que c’est chaud.
mardi 26 janvier 2010
Durabilité libanaise
Par Elodie
Alors que j’essayais de me frayer un chemin dans les allées encombrées de notre supermarché habituel il y a quelques jours, une dame plongeait le bras dans mon chariot. Interloquée, je me retourne et la découvre très concentrée sur la nouvelle poêle que je viens d’y glisser après moult hésitations pour remplacer sa grande sœur, définitivement hors d’usage. Après une longue et sans doute grandiloquente interpellation en arabe, je m’excuse de ne pas parvenir à comprendre. Pas de problème, mon interlocutrice se glisse dans un bon français pour une version raccourcie, appuyée d’un nouvel examen du fond de la poêle flambant neuve au fond de mon charriot : « Vous croyez que c’est de la bonne qualité ? » Surprise de la question, je sors mon plus grand sourire et bredouille quelques mots polis pour m’échapper de cette situation incongrue.
Avec le recul, j’aurais sans doute mieux fait d’exploser de rire et de répondre en toute franchise que non, ce n’était sans doute qu’une nouvelle camelote qui durerait à peine quelques semaines. Force est d’avouer que la qualité et la durabilité ne seraient pas les premiers qualificatifs dont j’estampillerais les produits manufacturés achetés au Liban. A bien y réfléchir, j’avais oublié que l’étendoir à linge avait littéralement plié dès les premiers vêtements posés dessus, que la cafetière avait failli exploser à la trentième utilisation, et que l’antenne de la radio (certes soumise à rude épreuve par nos petites manies compulsives d’exploration du spectre) m’étais restée dans la main le premier matin… Feu, mon cher fer à repasser me l’a rappelé ce matin en laissant échapper son dernier soupir, presqu’un an jour pour jour après son acquisition.
Au Liban, il faut en fait choisir entre les produits de bonne allure mais de piètre qualité (vous devinez la provenance, n’est-ce pas ?) qui inondent les quartiers foire fouille de Bourj Hammoud, Mazraa et Ouzaï, et les fusées Ariane de l’électroménager qui peuplent les boutiques chics et qui envoient au passage votre compte en banque dans un trou noir. Finalement, ça fait bien longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de me promener dans le joyeux bordel du quartier arménien…
Alors que j’essayais de me frayer un chemin dans les allées encombrées de notre supermarché habituel il y a quelques jours, une dame plongeait le bras dans mon chariot. Interloquée, je me retourne et la découvre très concentrée sur la nouvelle poêle que je viens d’y glisser après moult hésitations pour remplacer sa grande sœur, définitivement hors d’usage. Après une longue et sans doute grandiloquente interpellation en arabe, je m’excuse de ne pas parvenir à comprendre. Pas de problème, mon interlocutrice se glisse dans un bon français pour une version raccourcie, appuyée d’un nouvel examen du fond de la poêle flambant neuve au fond de mon charriot : « Vous croyez que c’est de la bonne qualité ? » Surprise de la question, je sors mon plus grand sourire et bredouille quelques mots polis pour m’échapper de cette situation incongrue.
Avec le recul, j’aurais sans doute mieux fait d’exploser de rire et de répondre en toute franchise que non, ce n’était sans doute qu’une nouvelle camelote qui durerait à peine quelques semaines. Force est d’avouer que la qualité et la durabilité ne seraient pas les premiers qualificatifs dont j’estampillerais les produits manufacturés achetés au Liban. A bien y réfléchir, j’avais oublié que l’étendoir à linge avait littéralement plié dès les premiers vêtements posés dessus, que la cafetière avait failli exploser à la trentième utilisation, et que l’antenne de la radio (certes soumise à rude épreuve par nos petites manies compulsives d’exploration du spectre) m’étais restée dans la main le premier matin… Feu, mon cher fer à repasser me l’a rappelé ce matin en laissant échapper son dernier soupir, presqu’un an jour pour jour après son acquisition.
Au Liban, il faut en fait choisir entre les produits de bonne allure mais de piètre qualité (vous devinez la provenance, n’est-ce pas ?) qui inondent les quartiers foire fouille de Bourj Hammoud, Mazraa et Ouzaï, et les fusées Ariane de l’électroménager qui peuplent les boutiques chics et qui envoient au passage votre compte en banque dans un trou noir. Finalement, ça fait bien longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de me promener dans le joyeux bordel du quartier arménien…
mardi 19 janvier 2010
Les joies de l'administration
Par Elodie
Un bâtiment décrépi coincé entre une autoroute et une voie rapide, dont les étages supérieurs sont abandonnés. Est-ce bien là que le quidam libanais doit se rendre pour obtenir des explications sur les taxes et éventuellement les régler ?
Vu les centimètres de poussière accumulés dans l’escalier où la trace de mes pas découvre un lino beigasse caché sous la crasse, si c’est bien là il n’y a pas grand monde qui est au courant. A moins qu’ils ne prennent l’ascenseur pour se rendre au premier étage. C’est vrai, j’oubliais cette possibilité.
Au bout d’un couloir, enfin, un bureau avec trois paires d’yeux qui nous observent négligemment derrière leur comptoir avant de replonger le nez dans leurs occupations respectives. La dame du comptoir le plus proche, vers lequel nous nous avançons, s’est retournée vers la fenêtre. Elle croque dans sa pomme en regardant les voitures qui roulent furieusement quelques mètres plus bas. Hum, la pomme au carbone, c’est délicieux ! C’est vrai, milieu de matinée c’est l’heure du manouché, mais notre dame a visiblement opté pour l’option light.
Nous attendons, avec le sourire histoire de ne pas la froisser. Les deux autres discutent. Une autre personne arrive dans le bureau et interpelle la mangeuse de pomme en arabe. Cric, croc, crac. Une fois le trognon rouzigué, elle s’installe à son ordinateur qui semble sortir tout droit de Star Trek (les fantasmes futuristes des années 60 ont bien mal vieilli), consulte un fichier, imprime une feuille (cela prend déjà une bonne dizaine de minutes vu la rapidité de la machine). Notre homme sort une liasse de billets et part avec son papier. Quelques minutes plus tard, on s’intéresse enfin à notre cas. Elle plonge sur sa calculette, qui fait au moins la taille d’un grand cahier, et tente de nous expliquer.
Finalement, nous passons dans un autre bureau où quatre personnes sont installées. Dans un coin, trône un ordinateur spécifique, relié à une imprimante. Notre interlocuteur (au demeurant, plutôt sympathique) attend que son collègue le libère pour rechercher des informations. Il nous donne une autre version du calcul et nous invite à revenir plus tard. Vous êtes sûr ? Oui, oui, pas de problème. Dans deux semaines, ou peut-être dans un mois, on verra. Hum, évidemment pas de papiers pour s’en assurer, de toute façon l’imprimante agonisante semble trop fatiguée pour sortir quoi que ce soit. Cette administration est résolument fort bien équipée et efficace.
Quand je pense qu’il y a des hurluberlus qui voudraient que tout ça fonctionne en ligne, avec des vrais ordinateurs, un réseau qui marche, etc. Mais même dans Star Trek, ils l’avaient pas imaginé ça !
En attendant, la gouvernance électronique est loin d’être une réalité très développée au Liban et cela ne semble pas en passe de s’arranger. D’après un récent rapport de l’ONU, sur la question, le pays a même régressé de plus de 9% en un an.
Un bâtiment décrépi coincé entre une autoroute et une voie rapide, dont les étages supérieurs sont abandonnés. Est-ce bien là que le quidam libanais doit se rendre pour obtenir des explications sur les taxes et éventuellement les régler ?
Vu les centimètres de poussière accumulés dans l’escalier où la trace de mes pas découvre un lino beigasse caché sous la crasse, si c’est bien là il n’y a pas grand monde qui est au courant. A moins qu’ils ne prennent l’ascenseur pour se rendre au premier étage. C’est vrai, j’oubliais cette possibilité.
Au bout d’un couloir, enfin, un bureau avec trois paires d’yeux qui nous observent négligemment derrière leur comptoir avant de replonger le nez dans leurs occupations respectives. La dame du comptoir le plus proche, vers lequel nous nous avançons, s’est retournée vers la fenêtre. Elle croque dans sa pomme en regardant les voitures qui roulent furieusement quelques mètres plus bas. Hum, la pomme au carbone, c’est délicieux ! C’est vrai, milieu de matinée c’est l’heure du manouché, mais notre dame a visiblement opté pour l’option light.
Nous attendons, avec le sourire histoire de ne pas la froisser. Les deux autres discutent. Une autre personne arrive dans le bureau et interpelle la mangeuse de pomme en arabe. Cric, croc, crac. Une fois le trognon rouzigué, elle s’installe à son ordinateur qui semble sortir tout droit de Star Trek (les fantasmes futuristes des années 60 ont bien mal vieilli), consulte un fichier, imprime une feuille (cela prend déjà une bonne dizaine de minutes vu la rapidité de la machine). Notre homme sort une liasse de billets et part avec son papier. Quelques minutes plus tard, on s’intéresse enfin à notre cas. Elle plonge sur sa calculette, qui fait au moins la taille d’un grand cahier, et tente de nous expliquer.
Finalement, nous passons dans un autre bureau où quatre personnes sont installées. Dans un coin, trône un ordinateur spécifique, relié à une imprimante. Notre interlocuteur (au demeurant, plutôt sympathique) attend que son collègue le libère pour rechercher des informations. Il nous donne une autre version du calcul et nous invite à revenir plus tard. Vous êtes sûr ? Oui, oui, pas de problème. Dans deux semaines, ou peut-être dans un mois, on verra. Hum, évidemment pas de papiers pour s’en assurer, de toute façon l’imprimante agonisante semble trop fatiguée pour sortir quoi que ce soit. Cette administration est résolument fort bien équipée et efficace.
Quand je pense qu’il y a des hurluberlus qui voudraient que tout ça fonctionne en ligne, avec des vrais ordinateurs, un réseau qui marche, etc. Mais même dans Star Trek, ils l’avaient pas imaginé ça !
En attendant, la gouvernance électronique est loin d’être une réalité très développée au Liban et cela ne semble pas en passe de s’arranger. D’après un récent rapport de l’ONU, sur la question, le pays a même régressé de plus de 9% en un an.
samedi 16 janvier 2010
Bordel singulier
Par Julien
Salut à toi, ô (Chouei-Chouei) Beyrouth,
Samedi transparent et ouvert, comme un matin où le temps s'est arrêté, où le soleil peigne ses rais d'or sans ombre ni sans mesquinerie. Y'a comme du bordel magnifique dans l'air. Du plaisir dans le retour sur cette terre où les agrumes sont rondes, juteuses, et uniques. Où le hommos s'acoquine avec les rêves les plus fous, les désirs de roi, de toi, de nous, dans l'antre de chez soi, chez nous, chez vous maintenant. Où la musique s'anime à tue-tête sur des autoradios pourris, entre deux trombes de klaxons, et trois salves de "yalla habibi" !
Une fois n'est pas coutume, musique, maintenant, pour étreindre l'oisiveté de la Méditerranée qui nous regarde, de l'autre côté des collines... Charbel Rouhana, c'est à toi.
Salut à toi, ô (Chouei-Chouei) Beyrouth,
Samedi transparent et ouvert, comme un matin où le temps s'est arrêté, où le soleil peigne ses rais d'or sans ombre ni sans mesquinerie. Y'a comme du bordel magnifique dans l'air. Du plaisir dans le retour sur cette terre où les agrumes sont rondes, juteuses, et uniques. Où le hommos s'acoquine avec les rêves les plus fous, les désirs de roi, de toi, de nous, dans l'antre de chez soi, chez nous, chez vous maintenant. Où la musique s'anime à tue-tête sur des autoradios pourris, entre deux trombes de klaxons, et trois salves de "yalla habibi" !
Une fois n'est pas coutume, musique, maintenant, pour étreindre l'oisiveté de la Méditerranée qui nous regarde, de l'autre côté des collines... Charbel Rouhana, c'est à toi.
vendredi 15 janvier 2010
La fattouche
Par Elodie
Pour continuer sur notre série gourmande, une rencontre avec la salade paysanne par excellence. On y retrouve diverses herbes du jardin : pourpier, menthe, persil plat ou laitue, ainsi que du radis, de la tomate, du concombre ; mais également du pain rassis qui est grillé puis émietté – de cet acte d’émiettement, qui se dit fatt, provient le nom du plat. Certains y ajoutent même des aubergines frites. En guise de touche finale, il faut saupoudrer le plat de quelques bonnes pincées de sumac, sans lesquelles les Libanais ne reconnaîtraient ni le goût ni la couleur de leur fattouche.
Préparation : 30 minutes
Pour 6 personnes :
2 salades sucrines
Ou une salade romaine
250 g de tomates cerises
Ou 3 tomates
2 petits concombres
Ou la moitié d’un grand
½ botte de radis
4 cébettes
ou petits oignons nouveaux
1 bouquet de persil plat
½ bouquet de menthe
15 cl d’huile d’olive
5 cl de vinaigre de vin rouge
1 cuillère à soupe de sumac
Sel
Préchauffer le four à 150 ° C (Th 5).
Effeuiller le persil et la menthe.
Couper les salades sucrines en lanières, les tomates cerises en deux ou dans le sens vertical (en cubes, si ce sont des tomates de taille normale), les radis et les cébettes en rondelles, les concombres non pelés en demi-rondelles.
A l’aide de ciseaux, couper le pain en carrés de 2 cm de côté, séparer les 2 faces de chaque morceua et les faire griller au four dans un plat pendant 10 min.
Mélanger le pain avec l’huile d’olive et le sumac, ce qui aura pour effet de garder le pain croustillant.
Juste avant de servir, mélanger tous les ingrédients avec le pain, ajouter le vinaigre et saler.
Variantes
Une autre recette beyrouthine exclut du fattouche vinaigre, persil, menthe et laitue, les compensant par une plus grande quantité de sumac et de pourpier. Celui-ci étant parfois difficile à trouver, il peut être remplacé par de la mâche.
Bon à savoir
Traditionnellement, on dit que la peau du concombre favorise sa digestion. Si vous le souhaitez, vous pouvez malgré tout le peler, une bande sur deux.
Vous pouvez préparer cette salade à l’avance, pour l’assaisonner au dernier moment.
Extrait de Cuisine libanaise d’hier et d’aujourd’hui, d’Andrée Maalouf et Karim Haïdar.
Pour continuer sur notre série gourmande, une rencontre avec la salade paysanne par excellence. On y retrouve diverses herbes du jardin : pourpier, menthe, persil plat ou laitue, ainsi que du radis, de la tomate, du concombre ; mais également du pain rassis qui est grillé puis émietté – de cet acte d’émiettement, qui se dit fatt, provient le nom du plat. Certains y ajoutent même des aubergines frites. En guise de touche finale, il faut saupoudrer le plat de quelques bonnes pincées de sumac, sans lesquelles les Libanais ne reconnaîtraient ni le goût ni la couleur de leur fattouche.
Préparation : 30 minutes
Pour 6 personnes :
2 salades sucrines
Ou une salade romaine
250 g de tomates cerises
Ou 3 tomates
2 petits concombres
Ou la moitié d’un grand
½ botte de radis
4 cébettes
ou petits oignons nouveaux
1 bouquet de persil plat
½ bouquet de menthe
15 cl d’huile d’olive
5 cl de vinaigre de vin rouge
1 cuillère à soupe de sumac
Sel
Préchauffer le four à 150 ° C (Th 5).
Effeuiller le persil et la menthe.
Couper les salades sucrines en lanières, les tomates cerises en deux ou dans le sens vertical (en cubes, si ce sont des tomates de taille normale), les radis et les cébettes en rondelles, les concombres non pelés en demi-rondelles.
A l’aide de ciseaux, couper le pain en carrés de 2 cm de côté, séparer les 2 faces de chaque morceua et les faire griller au four dans un plat pendant 10 min.
Mélanger le pain avec l’huile d’olive et le sumac, ce qui aura pour effet de garder le pain croustillant.
Juste avant de servir, mélanger tous les ingrédients avec le pain, ajouter le vinaigre et saler.
Variantes
Une autre recette beyrouthine exclut du fattouche vinaigre, persil, menthe et laitue, les compensant par une plus grande quantité de sumac et de pourpier. Celui-ci étant parfois difficile à trouver, il peut être remplacé par de la mâche.
Bon à savoir
Traditionnellement, on dit que la peau du concombre favorise sa digestion. Si vous le souhaitez, vous pouvez malgré tout le peler, une bande sur deux.
Vous pouvez préparer cette salade à l’avance, pour l’assaisonner au dernier moment.
Extrait de Cuisine libanaise d’hier et d’aujourd’hui, d’Andrée Maalouf et Karim Haïdar.
jeudi 14 janvier 2010
Qu'est-ce qu'on mange ce midi ? Du Chich Taouk !
(Poulet mariné aux 7 épices)
Par Elodie
Vous l'avez compris, 2010 s'annonce comme une année gourmande. Et pour bien commencer, voici quelques idées.
Cette recette libanaise, d’origine ottomane, est un grand classique que l’on trouve dans toutes les petites échoppes où l'on cuisine sur trois bouts de charbon mais où ça sent délicieusement bon. Idéal pour manger sur le pouce avec plaisir. Le taouk (poulet en turc) est alors enroulé dans une galette de pain libanais avec des crudités, des frites, du hommos, des cornichons… selon le goût et l’humeur.
Il peut cependant très bien être servi à la maison (testé et approuvé !), avec du borgol (blé concassé), du hommos, du moutabbal ou des légumes (je préfère avec des aubergines à l'huile d'olive, ou des gombos). Il faut avouer : c’est pratique d’avoir un tupperware tout prêt dans le frigo (on peut le garder dans la marinade 2-3 jours sans souci, si le poulet est bien frais) qu’on peut sortir pour une visite à l’improviste et épater la galerie sans effort. Si, si, je vous assure : à vos couteaux !
Préparation : 10 minutes
Marinade : 24h
Cuisson : 12 min
Pour 6 personnes
900 g de blancs de poulet
4 gousses d’ail
10 cl d’huile d’olive
1 cuillère à café de mélange 7 épices
Sel et poivre noir
La veille
Couper les blancs de poulet en morceaux de 3 cm. Peler l’ail, le dégermer et le piler (ou le couper très fin).
Faire mariner le poulet pendant 24h dans un saladier (ou un tupperware) avec l’ail, l’huile d’olive, du poivre, le mélange 7 épices ; mais sans sel, dont la présence risque de dessécher le poulet.
Le jour même
Faire griller le poulet, sur un grill d’intérieur, ou encore mieux : en brochettes au barbecue.
Attention à la cuisson : pour qu’il reste tendre et savoureux, il faut éviter de le faire cuire plus que nécessaire, juste le saisir.
Saler au dernier moment.
Variantes
On peut cuire le poulet à four bien chaud dans un grand plat.
On peut charger davantage la marinade, pour ceux qui aiment la cuisine épicée, avec : du jus de citron ; du vinaigre de vin rouge ; du piment ; une feuille de laurier pilée ; ou même une cuillère à soupe de purée de tomates.
Extraits adaptés de Cuisine libanaise d’hier et d’aujourd’hui, d’Andrée Maalouf et Karim Haïdar.
Par Elodie
Vous l'avez compris, 2010 s'annonce comme une année gourmande. Et pour bien commencer, voici quelques idées.
Cette recette libanaise, d’origine ottomane, est un grand classique que l’on trouve dans toutes les petites échoppes où l'on cuisine sur trois bouts de charbon mais où ça sent délicieusement bon. Idéal pour manger sur le pouce avec plaisir. Le taouk (poulet en turc) est alors enroulé dans une galette de pain libanais avec des crudités, des frites, du hommos, des cornichons… selon le goût et l’humeur.
Il peut cependant très bien être servi à la maison (testé et approuvé !), avec du borgol (blé concassé), du hommos, du moutabbal ou des légumes (je préfère avec des aubergines à l'huile d'olive, ou des gombos). Il faut avouer : c’est pratique d’avoir un tupperware tout prêt dans le frigo (on peut le garder dans la marinade 2-3 jours sans souci, si le poulet est bien frais) qu’on peut sortir pour une visite à l’improviste et épater la galerie sans effort. Si, si, je vous assure : à vos couteaux !
Préparation : 10 minutes
Marinade : 24h
Cuisson : 12 min
Pour 6 personnes
900 g de blancs de poulet
4 gousses d’ail
10 cl d’huile d’olive
1 cuillère à café de mélange 7 épices
Sel et poivre noir
La veille
Couper les blancs de poulet en morceaux de 3 cm. Peler l’ail, le dégermer et le piler (ou le couper très fin).
Faire mariner le poulet pendant 24h dans un saladier (ou un tupperware) avec l’ail, l’huile d’olive, du poivre, le mélange 7 épices ; mais sans sel, dont la présence risque de dessécher le poulet.
Le jour même
Faire griller le poulet, sur un grill d’intérieur, ou encore mieux : en brochettes au barbecue.
Attention à la cuisson : pour qu’il reste tendre et savoureux, il faut éviter de le faire cuire plus que nécessaire, juste le saisir.
Saler au dernier moment.
Variantes
On peut cuire le poulet à four bien chaud dans un grand plat.
On peut charger davantage la marinade, pour ceux qui aiment la cuisine épicée, avec : du jus de citron ; du vinaigre de vin rouge ; du piment ; une feuille de laurier pilée ; ou même une cuillère à soupe de purée de tomates.
Extraits adaptés de Cuisine libanaise d’hier et d’aujourd’hui, d’Andrée Maalouf et Karim Haïdar.
mercredi 13 janvier 2010
Milad majid (ou bonne année)
Par Elodie
Qu’il est « doux » de retrouver le Liban après plusieurs semaines d’absence. L’odeur de carbone qui vous colle à la langue, les klaxons joyeux des taxi-services, les fonctionnaires imperturbables, les voisins curieux, et même Georges (notre ami de la famille Blata orientalis, qui vous salue de ses petites antennes)… Tous étaient là, comme pour nous accueillir, ou pour nous souhaiter milad majid à leur manière en quelque sorte.
Et bien nous aussi, on vous souhaite une bonne année (d’accord, on n’est pas en avance, mais en Orient il faut laisser du temps au temps) : enthousiasmante comme un bon verre d’arak, joyeuse comme une belle table de mezzé et douce comme les baklavas…
Qu’il est « doux » de retrouver le Liban après plusieurs semaines d’absence. L’odeur de carbone qui vous colle à la langue, les klaxons joyeux des taxi-services, les fonctionnaires imperturbables, les voisins curieux, et même Georges (notre ami de la famille Blata orientalis, qui vous salue de ses petites antennes)… Tous étaient là, comme pour nous accueillir, ou pour nous souhaiter milad majid à leur manière en quelque sorte.
Et bien nous aussi, on vous souhaite une bonne année (d’accord, on n’est pas en avance, mais en Orient il faut laisser du temps au temps) : enthousiasmante comme un bon verre d’arak, joyeuse comme une belle table de mezzé et douce comme les baklavas…
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