dimanche 5 avril 2009

Voyages, voyages !

Par Julien

Si l’homme s’accomplit dans et pour et au travers du travail (je n’énumère pas le nombre de philosophes qui ont pu se saisir de la question), l’homme resplendit littéralement quand à l’horizon se profile la litanie des ponts. Des bons vieux jours fériés du mois de mai.

« As-sabrou miftahou al-faraji ». « La patience est la clé de la délivrance », dit un proverbe arabe. On les attend de pied ferme, ces jours sans raison, ces jours libres, ces jours errants, où rien ne bouge, sinon nous, voyageurs intempestifs. La Bekaa ? Baalbek ? Le Chouf ? Etc. ? Rien n’est fait, rien n’est décidé. Pour le week-end prochain, en tout cas, nous avons réservé une voiture. Road trip en perspective. Sur la route, quoi qu’il arrive.

Au-delà, en élargissant les cercles, on commence à cogiter. Syrie, Jordanie, Turquie, Egypte ? Pour recueillir un maximum d’informations, quoi de mieux que de demander à ceux qui connaissent, à ceux qui vivent ici. Tous les jours, infatigables, nous glanons des informations. Par exemple, prendre les taxis collectifs ou les bus depuis le rond-point de Dora pour aller au nord (Jbeil, alias Byblos, ou Tripoli), ou filer vers le rond-point Cola pour descendre le long de la côte (Saïda alias Sidon, Sour alias Tyr).

Vient toujours un moment où le guide touristique s’avère indispensable, pourtant. On le regrette, parce qu’on se prend à rêver qu’il est possible d’évacuer d’un coup d’un seul tous les clichés, mais c’est quand même pratique. Dura lex, sed lex. Nous sommes donc partis, hier, à la recherche d’un guide quelconque. Nous avions déjà remarqué qu’une librairie connue à Beyrouth boudait les guides sur la Syrie (était-ce pour bouter symboliquement et définitivement un voisin envahissant hors du territoire ?). Nous avons alors opté pour une realpolitik terrassante d’efficacité. Le Virgin Megastore, situé à l’angle de la Place des Martyrs, elle-même accolée à une énorme mosquée, à l’église Saint-Georges, et à des vestiges romains (magie de la géographie : toute la complexité régionale est là, sous vos yeux).

Les lois du commerce sont ce qu’elles sont. Vous trouvez là-bas tout ce que vous voulez. Du pire des romans français aux revues chics et chocs. En l’occurrence, un guide sur la Syrie. Par contre là, pas le choix. C’est le Lonely Planet. Pour les connaisseurs, c’est un Routard à la mode anglo-saxonne. Pourquoi pas (de toute façon, on l’a déjà dit, on n’a pas le choix) ?

Allons-y, alors. Au Liban, tous les prix (ou presque) sont en double affichage, puisque deux monnaies ont cours. La livre libanaise (des biftons avec plein de zéros, inflation oblige), ou le dollar américain. Notre guide élu (quelle formule ! rassurez-vous, il s’agit bien d’un livre inoffensif) devait coûter (c’était marqué dessus) 31,50 dollars. A la caisse, on nous en a demandé 25 et des brouettes. Tout va bien, c’est toujours comme ça.

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