Par Elodie
Je l’aimais bien, le grand caroubier du bout de la rue. Avec ses cinq mètres de hauteur, ses branches tellement immenses et étendues qu’elles pouvaient laisser penser qu’il y avait plusieurs arbres, il nous protégeait. Dans la sensation que je n’en avais au moins, je me sentais à l’abri, chez nous.
Au départ, il m’a intriguée car je ne connaissais pas cet arbre méditerranéen. Maintenant qu’il n’est plus là, c’est comme si notre rue n’était plus notre rue. Pendant deux jours, je l’ai entendu résister aux assauts cruels de la tronçonneuse. Il grinçait, gémissait, hurlait. Et les gens du quartier, descendus dans la rue pour l’occasion malgré le soleil de plomb, regardaient en silence. Mais voilà, les terrains valent de l’or et la spéculation immobilière s’emballe à Beyrouth.
L’immeuble voisin de celui où nous habitons, assez endommagé par la guerre et officiellement inhabité depuis, a été vendu il y a quelques semaines. Il appartenait au même propriétaire que le nôtre qui a profité d’une visite à Beyrouth pour conclure l’affaire. En réalité, je m’en fichais un peu malgré le bruit des travaux de rénovation aussitôt commencés. Après tout, c’était dommage ce joli petit immeuble de trois étages inutilisé. Je ne pensais pas qu’ils oseraient toucher au caroubier.
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