dimanche 28 mars 2010

Promenade nocturne à Furn el Shebbak


Par Elodie

Littéralement baptisé "La fenêtre du four" en référence semble-t-il à ses vendeurs de pain et de kaak, le quartier chrétien et populaire de Furn-el-Shebbak regorge de petites rues abritant encore quelques vieilles maisons, des petites boutiques de quartier, de vieilles bagnoles garées à côté d'icônes religieuses... De quoi imaginer ce qu'a pu être l'ancien Beyrouth, et apprécier ce qu'il en reste.

Visions nocturnes, parfois surréalistes comme cette cabane de gardien de parking (si vous regardez bien sous l'arbre ci-dessus), attrapées par Julien au hasard des poteaux et toits de voitures qui pouvaient nous servir de pied improvisé.

PS : l'une de ces photos, provient en fait d'un autre quartier, Mar Nicolas-Gemmayzeh. A vous de trouver laquelle...
















jeudi 25 mars 2010

Réconciliation

Par Elodie

Beyrouth était si calme ce matin qu’on aurait pu la croire endormie, piquée par une mouche tsétsé géante. Pas un bruit, pas un klaxon. Même le carrefour du Musée (Mathaf) était quasiment désert à l’heure de pointe du matin.

25 mars, cela ne vous évoque rien ? Le gouvernement a choisi la date de l’Annonciation pour instaurer une fête islamo-chrétienne, une journée de réconciliation. Habituellement, chaque communauté à ses propres jours fériés, ce qui complique singulièrement les calendriers.

En attendant, c’est aussi pour nous la journée de la réconciliation avec la ville, qui en deviendrait… presque paisible et agréable.

lundi 22 mars 2010

Que peut-on faire, le week-end, à Beyrouth ?

Par Julien

"Réponse en images", comme disent les présentateurs à la télé : on ne passe pas, en tous cas, nos week-ends à vagabonder sans objet dans Beyrouth. On s'amuse comme on peut.

Qu'en dîtes-vous ?

mardi 16 mars 2010

On a enfin sorti la tête du four !

Par Elodie

Quelle folle expérimentation culinaire avons-nous bien pu encore inventer ?
Désolée, ce n’est pas dans ma cuisine que je vous emmène aujourd’hui, mais dans les rues beyrouthines. J’avais oublié cette sensation si particulière qui vous saute au visage : un air sec, chaud et chargé de poussière. Etouffant, en somme. Un peu comme si vous mettiez d’un coup d’un seul la tête dans votre four, avec une bonne dose de sable du désert soulevé par les pâles tournantes de votre belle machine. C’est bien ça… Le khamsin, ce vent du désert qui marque la fin de l’hiver, a pris Beyrouth d’assaut sans crier gare la semaine dernière. Il a effacé l’horizon, les montagnes.


D’un seul coup, le thermomètre a bondi vers la barre des 30°C. J’avais oublié comme il faut mesurer son pas, le calmer pour ne pas arriver en nages après 300 mètres. Comment les pieds bouillonnent dans les chaussures fermées, désormais inutiles et insupportables. Finie la cure thermale permanente, vive le grand nettoyage des vitres. La poussière colle partout et s’insinue jusque dans les placards de la cuisine. (Pourquoi pas dans le four tant qu’elle y est ?)
Heureusement, cela ne dure que quelques jours, une petite semaine. Ce matin, j’ai senti l’air frais et respiré avec bonheur ce qui semblait être pur : chouette alors, il nous reste seulement le bon goût de carbone !

samedi 6 mars 2010

De l'art de vendre de la contre-façon

Par Julien

Soit une boutique, située au coeur du quartier populaire de Furn el-Shebback (traduction littérale qui m'a toujours laissé songeur : "la fenêtre du four"), à l'angle d'une rue incurvée en U. Sur sa devanture, des lumières rouges qui défilent comme sur un char de fête foraine ou le pare-brise customisé d'un tracteur de 36 tonnes. Son matériel Hi-Fi chinois, griffé Sonyx, Panasanic, ou Groundik, rivalise de splendeur avec des photos jaunies de stars locales, entre sépia orientalisant et kitsch à froufrous foisonnants.

Soit un sympathique commerçant, qui soigne méticuleusement ladite devanture, son parquet flottant, et ses relations de voisinage ("le vendeur de Perfecto Pizza fume sur le pas de sa porte, Hawa Chicken laisse sa volaille dorer en public, et monsieur Amaroun surveille ses stocks de "Zeitoun" (l'huile d'olive), l'oeil rivé aux séries télé égyptiennes des années 80). Vous êtes bien à Beyrouth.

Le Liban est une terre de liberté et de contrebande. Au fond, c'est un pays fascinant, fasciné, et intenable, on n'arrête pas de l'écrire sur ce blog. Et qui vient, une fois encore, de se faire épingler pour ses mauvaises habitudes (disons plus franchement pour cause de piratage), comme le racontait hier encore un article paru dans le quotidien l'Orient-Le Jour.

Se promener dans cette boutique de Furn el-Shebback rappelle combien le destin de ce pays est lié à l'import-export, aux échanges de toutes sortes, à la croisée des chemins. On trouve de tout dès lors qu'on cherche de l'accessoire, qui vient de partout de préférence, mais par des voies détournées. Jeux vidéos japonais, disques arabes, ou vraies fausses lunettes italiennes (Gucci, Armani, Versace). Sans oublier : une sélection à la fois bariolée et cosmopolite de productions de l'industrie du cinéma (sans bornes géographiques s'il-vous-plaît). Une simple énumération (aléatoire, selon ce que ma mémoire a pu retenir) permet de se promener sur les écrans du monde entier pour la modique somme de 1000 livres libanaises par DVD (soit 50 centimes d'euros) : films de Jacky Chan doublés en hongrois, multiples apparitions de Vandamme en turc ou en bulgare (au choix), Avatar, de James Cameron, en anglais et en espagnol, Persépolis, de Satrapi (censuré à l'époque de sa sortie au Liban), est disponible en farsi et en anglais, Louis de Funès se retrouve Avare en néerlandais mais Jean Marais, qu'on se rassure, minaude dans la langue de Molière (l'honneur est sauf !).

L'écriture est née à Byblos, prétend une légende (toujours tenace au Liban). Le Liban est une terre d'élection pour les langues et un creuset de formation pour les apprentis traducteurs. Et on se demande pourquoi ? Pour terminer ce billet, plutôt que de dénoncer les méfaits du piratage et les dangers de la contrefaçons, voici précisément une petite scène extraite de L'Avare, de Jean Girault, qui tombe, me semble-t-il, bien à propos. Non ?

mercredi 3 mars 2010

Ô Liban, mon beau Liban

Par Elodie

C’est pleine d’enthousiasme que je me suis rendue ce soir à un débat sur les médias et l’environnement au Liban. Peut-être entendrai-je enfin des explications claires et détaillées sur la gestion des déchets, la quasi absence de tri et de recyclage, le traitement des eaux usées (inexistant bien que des centrales d’épuration aient été construites… sans les raccordements au réseau d’égouts partiellement développé), et sur les difficultés éprouvées par les journalistes pour couvrir ces sujets. J’y ai rencontré de nombreuses bonnes volontés et appris quelques petites choses. A commencer par le fait qu’il ne faut pas rêver trop vite. Depuis le temps, je devrais le savoir.

Maladroit, mon voisin a fait tomber un bout de papier, pas gros c’est vrai, mais tout de même : sur de la moquette bleue, ça se voit bien un bout de papier de 15cm. Pensez-vous qu’il l’aurait ramassé ?

Et après, on se demande pourquoi les plages de Saïda, déjà bordées par une montagne de déchets, ressemblent à ça.




Et celles de Byblos à ça.

Promis, ce n'est pas moi qui ai ramené la chaussure.

Ou pourquoi la vallée de la Quadisha, pourtant protégée par l’Unesco, ressemble par endroits à une déchetterie le long des routes.



Pas de doute, les petits bonhommes en vert qui ramassent à l'aide d'une pince téléscopique les papiers dans les rues de Beyrouth à longueur de journée, ont encore un métier d'avenir.