Par Julien
Il n'y a pas que la Grèce qui remue ou le Royaume-Uni qui s'agite. Le Liban aussi, à sa façon. D'ailleurs, dans un pays où tout est, peu ou prou politisé, rien n'est anodin. Le printemps a beau flamboyer paisiblement, difficile d'échapper aux murmures indélicats et tensions de toutes sortes qui caractérisent la région (au sens large).
Beyrouth est particulièrement calme depuis hier soir. Les restaurants et débits de boissons ont dû fermer plus tôt cette nuit. Check-points militaires aléatoires, ici et là, pour prévenir tout débordement partisan. Le Liban, méfiant à l'égard de tout à commencer par sa propre justice, reste susceptible de mouvements d'humeur et de sursauts de violences, comme l'a démontré un fait divers odieux dans le village de Ketermaya (dont l'histoire est admirablement résumée par cet article de Pierre Haski sur Rue89).
Les élections municipales au Liban (où l'on vote pour les "moukhtars") se déroulent sur quatre semaines. Et aujourd'hui, comme l'explique le quotidien l'Orient Le Jour sur son site Internet, "près d'un million d'inscrits sont appelés à se rendre aux urnes [aujourd'hui] pour la deuxième phase des élections municipales, prévues cette fois-ci à Beyrouth (450 000 inscrits) et dans la Békaa (550 000)."]
Tout ceci n'empêche pas le Liban d'avoir envie de "persévérer dans son être" malgré les doutes ou les intimidations, pour reprendre une formule de Spinoza. Et comme toujours, il y a la politique, le lieu commun des hommes sérieux, et il y a le maquis des symboles, le grand n'importe-quoi qui l'emporte, le "pourquoi pas" cher aux Libanais. C'est ainsi que la guerre du hommos a repris. Voyez plutôt, admirez :
Vous n'êtes plus sans savoir, grâce aux chouei-chouei billets humblements dispersés sur la Toile avec ce modeste blog, que Libanais et Israéliens se disputent la paternité de ce mezzé succulent (à base de pois chiches et de téhiné) dont l'existence transfrontalière, entre parenthèses, me fait plus penser à un trait d'union culturel et gastronomique entre voisins orientaux fâchés qu'à la preuve par le fait que rien ne les rassemble. Ce n'est qu'une hypothèse, mais elle tient la route. Bref : les cuisiniers impliqués dans la préparation de mezzé surréaliste n'ont pas lésiné sur les moyens : "Les "chefs" ont mélangé sept tonnes de pois chiches, deux tonnes de téhini (pâte crémeuse à base de graines de sésame), en utilisant deux tonnes de citron et 700 kg de bouteilles d'huile d'olive dans un plat gigantesque qui, au passage, a remporté aussi le record du plus grand plat en terre cuite.", dixit, toujours, le quotidien francophone. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour se faire remarquer ?
Pour réconcilier tout le monde et apaiser les esprits, rien ne vaut le détour par une chanson de Fairouz, fièreté s'il en est de la musique libanaise :
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