Par Elodie et Julien
Quelques photos, glanées au cours d'une escapade dominicale. De quoi herboriser sur un air de partie de campagne (pour des municipales).
Iconographie des affiches couleur locale.
Ou encore...
Non loin de la Place Sassine, sur les poteaux, affiches toujours, partout.
En tout cas, les élections, c'est aussi un jour de fête.
Des ribambelles de partisans distribuent des tracts aux conducteurs, à deux pas d'un bureau de vote, à Achrafieh.
Fanaux et autres drapeaux à l'occasion de la Coupe du monde de foot, ces derniers temps, ont un peu brouillé les pistes, disputant aux affiches électorales le monopole du coeur des Libanais.
L'hyperpolitisation de l'espace n'empêche guère, par endroits (question de susceptibilités variables selon les quartiers, tout ne peut pas se montrer comme ça n'importe où), la persistance de fenêtres pour dilettantes et autres encouragements à l'indolence qui semblent suggérer au passant : "allez, tout ira bien, tu as raison, le plus important, c'est ça, c'est là, l'été sera chaud".
dimanche 9 mai 2010
Y'a pas que les mezzés dans la vie (mais quand même)
Par Julien
Il n'y a pas que la Grèce qui remue ou le Royaume-Uni qui s'agite. Le Liban aussi, à sa façon. D'ailleurs, dans un pays où tout est, peu ou prou politisé, rien n'est anodin. Le printemps a beau flamboyer paisiblement, difficile d'échapper aux murmures indélicats et tensions de toutes sortes qui caractérisent la région (au sens large).
Beyrouth est particulièrement calme depuis hier soir. Les restaurants et débits de boissons ont dû fermer plus tôt cette nuit. Check-points militaires aléatoires, ici et là, pour prévenir tout débordement partisan. Le Liban, méfiant à l'égard de tout à commencer par sa propre justice, reste susceptible de mouvements d'humeur et de sursauts de violences, comme l'a démontré un fait divers odieux dans le village de Ketermaya (dont l'histoire est admirablement résumée par cet article de Pierre Haski sur Rue89).
Les élections municipales au Liban (où l'on vote pour les "moukhtars") se déroulent sur quatre semaines. Et aujourd'hui, comme l'explique le quotidien l'Orient Le Jour sur son site Internet, "près d'un million d'inscrits sont appelés à se rendre aux urnes [aujourd'hui] pour la deuxième phase des élections municipales, prévues cette fois-ci à Beyrouth (450 000 inscrits) et dans la Békaa (550 000)."]
Tout ceci n'empêche pas le Liban d'avoir envie de "persévérer dans son être" malgré les doutes ou les intimidations, pour reprendre une formule de Spinoza. Et comme toujours, il y a la politique, le lieu commun des hommes sérieux, et il y a le maquis des symboles, le grand n'importe-quoi qui l'emporte, le "pourquoi pas" cher aux Libanais. C'est ainsi que la guerre du hommos a repris. Voyez plutôt, admirez :
Vous n'êtes plus sans savoir, grâce aux chouei-chouei billets humblements dispersés sur la Toile avec ce modeste blog, que Libanais et Israéliens se disputent la paternité de ce mezzé succulent (à base de pois chiches et de téhiné) dont l'existence transfrontalière, entre parenthèses, me fait plus penser à un trait d'union culturel et gastronomique entre voisins orientaux fâchés qu'à la preuve par le fait que rien ne les rassemble. Ce n'est qu'une hypothèse, mais elle tient la route. Bref : les cuisiniers impliqués dans la préparation de mezzé surréaliste n'ont pas lésiné sur les moyens : "Les "chefs" ont mélangé sept tonnes de pois chiches, deux tonnes de téhini (pâte crémeuse à base de graines de sésame), en utilisant deux tonnes de citron et 700 kg de bouteilles d'huile d'olive dans un plat gigantesque qui, au passage, a remporté aussi le record du plus grand plat en terre cuite.", dixit, toujours, le quotidien francophone. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour se faire remarquer ?
Pour réconcilier tout le monde et apaiser les esprits, rien ne vaut le détour par une chanson de Fairouz, fièreté s'il en est de la musique libanaise :
Il n'y a pas que la Grèce qui remue ou le Royaume-Uni qui s'agite. Le Liban aussi, à sa façon. D'ailleurs, dans un pays où tout est, peu ou prou politisé, rien n'est anodin. Le printemps a beau flamboyer paisiblement, difficile d'échapper aux murmures indélicats et tensions de toutes sortes qui caractérisent la région (au sens large).
Beyrouth est particulièrement calme depuis hier soir. Les restaurants et débits de boissons ont dû fermer plus tôt cette nuit. Check-points militaires aléatoires, ici et là, pour prévenir tout débordement partisan. Le Liban, méfiant à l'égard de tout à commencer par sa propre justice, reste susceptible de mouvements d'humeur et de sursauts de violences, comme l'a démontré un fait divers odieux dans le village de Ketermaya (dont l'histoire est admirablement résumée par cet article de Pierre Haski sur Rue89).
Les élections municipales au Liban (où l'on vote pour les "moukhtars") se déroulent sur quatre semaines. Et aujourd'hui, comme l'explique le quotidien l'Orient Le Jour sur son site Internet, "près d'un million d'inscrits sont appelés à se rendre aux urnes [aujourd'hui] pour la deuxième phase des élections municipales, prévues cette fois-ci à Beyrouth (450 000 inscrits) et dans la Békaa (550 000)."]
Tout ceci n'empêche pas le Liban d'avoir envie de "persévérer dans son être" malgré les doutes ou les intimidations, pour reprendre une formule de Spinoza. Et comme toujours, il y a la politique, le lieu commun des hommes sérieux, et il y a le maquis des symboles, le grand n'importe-quoi qui l'emporte, le "pourquoi pas" cher aux Libanais. C'est ainsi que la guerre du hommos a repris. Voyez plutôt, admirez :
Vous n'êtes plus sans savoir, grâce aux chouei-chouei billets humblements dispersés sur la Toile avec ce modeste blog, que Libanais et Israéliens se disputent la paternité de ce mezzé succulent (à base de pois chiches et de téhiné) dont l'existence transfrontalière, entre parenthèses, me fait plus penser à un trait d'union culturel et gastronomique entre voisins orientaux fâchés qu'à la preuve par le fait que rien ne les rassemble. Ce n'est qu'une hypothèse, mais elle tient la route. Bref : les cuisiniers impliqués dans la préparation de mezzé surréaliste n'ont pas lésiné sur les moyens : "Les "chefs" ont mélangé sept tonnes de pois chiches, deux tonnes de téhini (pâte crémeuse à base de graines de sésame), en utilisant deux tonnes de citron et 700 kg de bouteilles d'huile d'olive dans un plat gigantesque qui, au passage, a remporté aussi le record du plus grand plat en terre cuite.", dixit, toujours, le quotidien francophone. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour se faire remarquer ?
Pour réconcilier tout le monde et apaiser les esprits, rien ne vaut le détour par une chanson de Fairouz, fièreté s'il en est de la musique libanaise :
mercredi 5 mai 2010
Bouteilles, recyclage et étagères
Par Elodie
Au Liban, deux systèmes d’approvisionnement en eau cohabitent : l’eau du réseau officiel et l’eau qui provient des citernes installées sur les toits des immeubles. Il y a donc deux robinets dans toutes les cuisines, même si celui du réseau officiel ne fonctionne que très rarement. De toute façon, aucun ne distribue de l’eau potable propre à la consommation immédiate. Il est donc (fortement) recommandé de la faire bouillir ou de consommer de l’eau minérale.
Dans un pays plombé par la chaleur quatre à six mois dans l’année, les eaux en bouteilles représentent un business considérable. Et une source de déchets en plastique énorme. Avez-vous déjà calculé le nombre de bouteilles en plastiques que vous consommez par an ?
A raison de 3 litres d’eau par jour en moyenne, vous consommez au minimum 1095 litres par an, soit plus de 182 bonbonnes de 6 litres. Est-il possible de supporter l’idée que cette guirlande géante de plastique aille orner la superbe montagne de déchets de Saïda, ou l’une de ses cousines, pour s’étaler ensuite dans les fonds marins et rejoindre peut-être les côtes turques, chypriotes ou grecques ?
Deux centres de tri des déchets et de recyclage ont certes été ouverts au début de l’année dans le Sud du Liban, mais lorsqu’on s’efforce d’alimenter les quelques bacs de récupération du verre ou des journaux qui existent à Beyrouth, les passants éclatent de rire. "Vous savez, ça sert à rien : quand le camion poubelle vient les prendre, ils les mélangent avec le reste des ordures…" La montagne a encore de l’avenir. En attendant, nos bouteilles d’eau s’entassent toujours. Mais alors, que faire ?
Puisque l’on peint les œufs, et même les poussins vivants comme j’avais pu le découvrir –médusée- sur les bords de l’autoroute lors du week-end de Pâques, pourquoi ne pourrait-on pas peindre nos chères bonbonnes pour les détourner de leur fonction première?
La solution est évidemment loin d’être parfaite, mais l’expérience peut amener un peu d’occupation (quoique nous n’en manquions pas, il est vrai) et d’humour dans votre salon. A vos pinceaux !
Au Liban, deux systèmes d’approvisionnement en eau cohabitent : l’eau du réseau officiel et l’eau qui provient des citernes installées sur les toits des immeubles. Il y a donc deux robinets dans toutes les cuisines, même si celui du réseau officiel ne fonctionne que très rarement. De toute façon, aucun ne distribue de l’eau potable propre à la consommation immédiate. Il est donc (fortement) recommandé de la faire bouillir ou de consommer de l’eau minérale.
Dans un pays plombé par la chaleur quatre à six mois dans l’année, les eaux en bouteilles représentent un business considérable. Et une source de déchets en plastique énorme. Avez-vous déjà calculé le nombre de bouteilles en plastiques que vous consommez par an ?
A raison de 3 litres d’eau par jour en moyenne, vous consommez au minimum 1095 litres par an, soit plus de 182 bonbonnes de 6 litres. Est-il possible de supporter l’idée que cette guirlande géante de plastique aille orner la superbe montagne de déchets de Saïda, ou l’une de ses cousines, pour s’étaler ensuite dans les fonds marins et rejoindre peut-être les côtes turques, chypriotes ou grecques ?
Deux centres de tri des déchets et de recyclage ont certes été ouverts au début de l’année dans le Sud du Liban, mais lorsqu’on s’efforce d’alimenter les quelques bacs de récupération du verre ou des journaux qui existent à Beyrouth, les passants éclatent de rire. "Vous savez, ça sert à rien : quand le camion poubelle vient les prendre, ils les mélangent avec le reste des ordures…" La montagne a encore de l’avenir. En attendant, nos bouteilles d’eau s’entassent toujours. Mais alors, que faire ?
Puisque l’on peint les œufs, et même les poussins vivants comme j’avais pu le découvrir –médusée- sur les bords de l’autoroute lors du week-end de Pâques, pourquoi ne pourrait-on pas peindre nos chères bonbonnes pour les détourner de leur fonction première?
La solution est évidemment loin d’être parfaite, mais l’expérience peut amener un peu d’occupation (quoique nous n’en manquions pas, il est vrai) et d’humour dans votre salon. A vos pinceaux !
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