Matin matinal, matin auroral. Matin à la fois laborieux et oisif. Et matin doux, sous le bleu de bleu du ciel. Matin malin, matin éternel. Qui attend quoi ? Le lendemain ? Jamais. Erreur. L’instant est là. Sous vos pieds, le tapis du devenir. Le devenir dans le là. Il faut savoir sentir, solliciter l'invisible, et le monde resplendit. Le temps, transfiguré en un tour de passe-passe.
Malgré les bouchons (7h30 : les vieux jouent au trictrac, les bagnoles fanfaronnent du klaxon), Beyrouth n’arrête pas de rire. C'est toujours comme ça. Il y a eu tellement de larmes, ici. Le chauffeur du bus me donne du « habibi », en me demandant si je sais où je vais. Est-ce je sais, moi ? Est-ce qu’il sait, lui ? « Malech ! » Pas de problème, mon biquet. On y va ! Hamra ! Ras-Beyrouth ! Le quartier même où la mosaïque beyrouthine vous saute aux yeux. La jeune femme, assise en face de moi, n’arrête pas de se marrer non plus. Pourquoi ? l fait chaud, pourtant. Pas la force de bouger. Tout le monde a chaud, ça se voit, chacun tire sur son bout de fenêtre pour faire venir de l’air (et du dioxyde de carbone, meilleur ami du promeneur). De l’air ! Roule, roule ! C'est si bon. La porte coulissante reste entrouverte pendant que le minivan fonce.
A midi, hier, c’était pire, c’était mieux, comme on veut. Le cagnard cognait sec. Détour par la pâtisserie, malgré tout. Pas folle la guêpe. On risquait d’être en rade de langues de chats. Détour nécessaire, envie insurmontable., que voulez-vous ? Dans l’échoppe, comme toujours, c’est quelques degrés en plus, et sans un filet d'air. Patience. Il faut savoir souffrir. « Noss kilo howda, wa noss kilo howda, min fadlak ». Il faut ce qu’il faut. Un demi kilo de chaque, s’il vous plaît. Ils nous prennent pour des fous, de fiffés gourmands, mais on y revient toujours, infatigables.
Qui je croise, après manger, dans cette journée sans dessus dessous ? Georgette. Un rire sur patte. « Marhaba, Georgette ». Elle éclate de rire. « Kiffic ? » Elle éclate de rire. Mais qu’est-ce que j’ai dit ? Elle est pas croyable, celle-là. Bon, ben je continue. J’arrive au boulot, et je retrouve une ribambelle d’amis attablés. C’est l’heure du café. Allez. On y va. On s’assoit un peu. De toute façon, depuis trois jours, je bosse comme un demeuré. Deux minutes assis ne vont quand même pas m’esquinter.
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