Par Julien
Envie, comme ça, de poster un billet, au beau milieu de l’après-midi. De renouer avec le Chouei-Chouei Blog, quand bien même, ce blog, au fond, n’est qu’un extrait de ce que nous pouvons partager ici, au Liban. La substance de tout ce tsouin-tsouin beyrouthin est à chercher dans les mouvements diligents d’une curiosité sans voyeurisme, d’un questionnement sans perte de sens, sans anicroche.
Je vais même me permettre de m’auto-citer. Ou de reprendre quelques lignes seulement, envoyées ce matin, par message, à ma famille qui se reconnaîtra ou qui reconnaîtra ledit morceau de texte, mais ne m’en voudra pas. Parce que, bizarrement, j’ai eu envie d’en dire plus, et d’ouvrir cet état d’âme à ceux de nos amis qui souhaiteraient en apercevoir les formes. Histoire de faire écho à ce moment de félicité, à cette journée suspendue au-dessus de nos derniers plans de vol. De toute façon, la vie fonctionne souvent sur ce mode là : on raconte parfois à un de ses proches ce qu’on a vu ou éprouvé, on prend le métro, on rentre chez soi. Et là, on se rend compte qu’on avait plus à dire. Que la piste défrichée s’avérait prometteuse. Que l’humeur mise à jour donnait le ton de toute une journée, voire révélait une allure, une courbe des derniers jours, une tangente rétrospective. Et le soir même, autour d’un verre de vin, on reprend ce fil, et on le prolonge, sans égard pour ce qui a été dit.
La Jordanie me semble déjà loin, disais-je, tant le turbin reprend vite ses droits (et ses devoirs) et, pourtant, le souffle est là, du désert et de la lumière, qui irrigue les veines, et flamboie quelque part, en Elodie, en moi. Ce week-end, ajoutais-je dans ce message, c’est donc farniente, lecture, cuisine, etc. Le soleil était doux ce matin, la ville plutôt calme (il faut raison garder : on entendait tout de même le ronflement des diesels éternels, Mercedes en l'occurrence, des années 60-70), le ciel s’est rabattu cet après-midi, sur des bleu-gris de mi-saison, avec d’épais flocons de nuages. Plus personnel : je précisais ensuite que notre frangipanier a laissé éclore, sur notre terrasse, deux de ses fleurs dont on ignorait jusque-là de quelles couleurs elles pourraient s'enorgueillir : blanc, filant sur un rose frêle et transparent.
Nous pensons à nos proches, aussi, au sens large. Les parenthèses sont faites pour ça, aussi : regarder dans le rétroviseur, et envisager le retour, qui est devant, au bout de la route, au prochain carrefour. Les proches, c’est une litanie de mots, de noms propres, d’images et de rêveries. Je reprends ma liste, et je la nourris encore un peu : Baie-Mahault, ses scolopendres, les nièces, et les rhums arrangés ; Saussines, ses fromages de chèvre, ses vignes vierges, la Clau farfelue et son merveilleux Dédé ; Sainte-Foix, où le ping-pong est un sport qu'on pratique en sous-sol, comme dans une boîte de sardines (Le Gonidec ?) ; Niort, son Panoramic et sa rue Pierre Curie, La Coudraie et Saint-Georges-de-Rex ; et Saint-Hilaire aussi, hilare et tellement poitevin ; ou La Rochelle, son Puilboreau et sa Grand-Rue, ses vieux tonitruants et hypermodernes ; la Bretagne, depuis ses marches historiques jusqu'aux côtes infinies où c'est par-là, dit-on, l'Amérique, Vitré-Rennes-Concarneau, la Guyane, son lycée paumé et verdoyant ; Kinshasa, ses nids de poules sur la route, ses moustiques gros comme des ongles ; et j'en passe et des meilleurs, et/ou Paris, "qui bat la mesure, Paris qui mesure notre émoi", etc. : de quoi bourlinguer. Par les seuls vocables, nous sommes à Beyrouth et ailleurs.
Pensées naïvement vagabondes. C’est si bon.
samedi 14 novembre 2009
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